lundi 10 novembre 2008

LA grande info de la semaine : l’élection de Barack Obama à la maison blanche.

Il était minuit pile à Chicago (6h du matin en Europe) lorsque Barack Obama a pris la parole. Les marchés n'ont pas manqué de relever l'allusion du futur président à un avenir économique difficile et problématique, où les bonnes solutions ne couleront pas de source. Il faut en effet s'attendre à quelques errements et déceptions avant que l'Amérique soit de nouveau sur pied.
John McCain a rapidement reconnu sa défaite, qu'il reconnaît comme sienne. Il a félicité le nouveau président, remercié ses partisans et sa colistière. Colistière dont l’expérience de Gouverneur a bien mal été mis en évidence par le camp républicain qui aurait pu prendre exemple sur les solutions d’aide sociale mises en place en Alaska, autrement plus judicieuses et efficaces que les tristes augmentations d’impôts promis par le candidat démocrate. L’Alaska est en effet le seul état à avoir mis en place un système d'épargne adossé aux revenus pétroliers et qui distribue à chaque résident un dividende sur les sommes investies. Ce dividende est assimilable à un revenu minimum d'existence puisqu'il est distribué uniformément à chaque électeur, sans condition de ressource.
C'est le genre de filet social qu'a mis en place le président brésilien Lula da Silva. Le nombre de bénéficiaires s'étend à mesure que les recettes fiscales progressent et c'est en grande partie cette initiative qui l'a fait élire en pleine crise en octobre 2002.

Décidément, c'est bien le volet économique qui a torpillé la campagne de John McCain et de Sarah Palin. Etonnant, non ? Ce vote, par son ampleur tant à la Maison Blanche qu’au Congrès, est un désaveu complet de la politique républicaine incarnée jusqu’à aujourd’hui par Georges W Bush. Un désaveu de son incapacité à éradiquer le terrorisme islamique de la planète ? Non. Désaveu d’avoir agressé un état indépendant et de l’avoir transformé en foyer permanent de terrorisme ? Non. Désaveu d’avoir menti au monde entier en brandissant de fausses preuves fabriquées de toute pièce à la tribune de l’ONU ? Non… Désaveu d’une politique monétaire et d’un système de financement du marché immobilier….qui avaient été mis en place par son prédécesseur, Bill Clinton. Incroyable politique !

C'est également le volet économique qui inquiète maintenant Wall Street car Barrack Obama hérite concrètement de la pire crise qu'aient jamais connu les Etats-Unis : le risque de déception est immense alors que tous les voyants conjoncturels sont au rouge.
L'euphorie des Bobos de Wall Street aura donc été de courte durée.

Barack Obama disposera d'une large majorité au sein des deux chambres du Congrès US. Cependant, l'immensité du chantier qui l'attend et les finances exsangues de l'Etat américain (1 000 milliards de dollars de déficit budgétaire probable en 2009) laissent craindre que le début de mandat du nouveau président soit très "compliqué", même s'il sait s'entourer des meilleurs conseillers économiques.
Les fondamentaux économiques ont douché les derniers espoirs de poursuite de la période haussière amorcée le 27 octobre dernier, avec la publication aux Etats-Unis de chiffres concernant l'emploi dans le secteur privé. Le pays a perdu 240.000 emplois en octobre après 284.000 en septembre, et le taux de chômage a grimpé à 6,5%. Le chiffre est largement supérieur aux attentes. L'industrie manufacturière a supprimé 90.000 emplois en octobre, la construction 49.000 .

Par ailleurs, l'activité dans le secteur des services s'est nettement contractée aux Etats-Unis au mois d'octobre comme le démontre l'indice de l'Institute for Supply. L'ISM ressort à 44,4 ce mois-ci, contre 50,2 en septembre alors que le consensus l'attendait en baisse moins marquée, autour de 48.
Du côté des devises, l'euro repartait à la hausse pour se traiter à 1,3025 $ alors que le pétrole, plombé par les chiffres du jour, consolidait de -7,5% vers 65,3 $ -- après avoir bondi de 10% en séance la veille.
Beaucoup d'investisseurs ont reporté leurs espoirs d'une embellie boursière sur la réunion du G20 à Washington le 15 novembre prochain. La feuille de route a été dévoilée dès lundi par Nicolas Sarkozy, mais les médias ont largement passé cette présentation sous silence, tant l'ensemble des rédactions était mobilisées par l'élection de Barack Obama.

"L'Amérique est un pays où tout est possible", a dit Barack Obama dans son discours de victoire. Peut être est il possible pour un métis afro-américain d’être élu, mais « tout » n’est pas pour autant possible. On ne peut toujours pas devenir riche en dépensant de l'argent. Il n'est toujours pas possible non plus de sauver un homme surendetté en lui accordant plus de crédits. Et cela signifie qu'une chute provoquée par un surplus de dettes ne peut pas être simplement effacée. Vous pouvez la déguiser. Vous pouvez la retarder. Vous pouvez faire retomber les pertes sur quelqu'un d'autre. Mais vous ne pouvez pas y échapper.

Un analyste britannique écrivait la semaine dernière :
"La position actuelle des Etats-Unis est proche de celle de la Grande-Bretagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Grande-Bretagne dominait le monde sur le plan économique, politique et militaire et détenait la devise de réserve mondiale. Mais en 1946, son pouvoir militaire avait été mis à rude épreuve et elle s'est retrouvée gravement surendettée. Les Etats-Unis ont pris la place de numéro un et le dollar est devenu la devise de réserve mondiale, la livre sterling ayant chuté de 5 pour 1 en 1946 à 1 pour 1, quatre décennies plus tard. Le problème de la devise de réserve mondiale, c'est que l'on produit beaucoup plus de cette devise qu'il n'est nécessaire pour les besoins de l'économie domestique. Pendant des décennies, les Etats-Unis ont produit bien plus de dollars qu'il n'en fallait et ce n'était pas un problème tant que les autres pays étaient prêts à acheter et à garder ces dollars. Mais ces dollars existent toujours. Les autres pays perdent peu à peu confiance et tous ces dollars vont finir par revenir... "
Alors que les politologues et politiciens y allaient de leurs commentaires dans tous les médias, les observateurs économiques, eux, se penchaient avec inquiétude sur une étude du cabinet Moody's selon laquelle trente états américains étaient en récession en septembre alors que dix-neuf autres menaceraient d'y entrer prochainement.
Le programme d'Obama pour rétablir l'économie américaine a séduit. Il doit désormais faire ses preuves, aussi bien en ce qui concerne la régulation des fonds spéculatifs, le renforcement des obligations de transparence dans les institutions financières ou que le contrôle accru des actionnaires sur les rémunérations et les bonus des dirigeants...

Bref, cela promet de sérieux changements à Wall Street, les marchés le savent.

La semaine se terminait de façon moins critique que les opérateurs le redoutaient jeudi soir. Au rang des bonnes nouvelles potentielles, les parlementaires démocrates étudieraient d'ores et déjà un plan de relance de 60 à 100 milliards de dollars pour ce mois de novembre, dont une partie serait en faveur des constructeurs automobiles américains. General Motors a dévissé de 10% vendredi suite à une perte 7,35 $ par action... c'est à peine concevable pour un titre qui vaut à peine plus de 4,00 $.
Le Fonds monétaire international avait dressé jeudi dernier un tableau plutôt noir pour l'économie des pays développés en 2009. Le PIB reculerait désormais de 0,7% aux Etats-Unis et de 0,5% en Europe (-1,3% au Royaume-Uni). La croissance dans les pays émergents ralentirait fortement à 5% en 2009. Le PIB mondial augmenterait de 3,7% en 2008 et de 2,2% en 2009, contre des taux de croissance de respectivement 3,9% et 3,0% attendus précédemment.

Avec de telles perspectives, les investisseurs (BCE, Fed, pays asiatiques) tablent également sur de nouveaux assouplissements monétaires en décembre. Mais ceux de jeudi n'ont eu aucun effet positif comme en témoigne la chute "historique" de 6,5% des places européennes et de 5% à Wall Street. Tout se passe comme si la baisse des taux ne faisait qu'exacerber le sentiment que la conjoncture économique est devenue "critique", le concept de dépression n'est pas très loin.

De ce fait, de nombreuses entreprises atteignent des niveaux de cours qui les désignent pour une rafale d'OPA ou d'OPE hostiles. Cependant, de telles opérations sont difficiles à mettre en oeuvre sans le concours des banques. Les lignes de crédit accordées pour de telles opérations -sont devenues rares.

Quelles orientations prendre ?


Est-ce que ça y est, est ce que nous sommes sauvés ? Les banques centrales et les gouvernements de la planète, héroïques, sont entrés en scène et ont assommé le marché baissier à grands coups de milliards de dollars.

Recapitalisation des banques, garanties à tous les niveaux, injection de liquidités... Partout dans le monde, les autorités ont collaboré pour éloigner le système bancaire du gouffre au bord duquel il vacillait.
On croit rêver.
Le risque a-t-il disparu ? Qu'en est-il des milliers de milliards de dollars de produits structurés (swaps, CDO et autre CDS) qui flottent toujours au-dessus de nos têtes comme un nuage toxique ? Ont-ils été liquidés ? Et puis... où les gouvernements sont-ils allés trouver tout cet argent ?
Pour autant que nous puissions en juger, les dernières mesures ne font que rajouter une couche de ce qui a mis le système dans un tel pétrin : toujours plus de cash, toujours plus de crédit facile. Une couche supplémentaire de garanties.
Et quelle couche ! 500 milliards par ici, 250 milliards par là... Rien que pour l'Union européenne, on annonçait hier une enveloppe de 1 700 milliards de dollars au total. Et que se passera-t-il si cette garantie doit jouer ?
Non, on n'a pas résolu la crise. On a simplement reculé pour mieux sauter. La récession mondiale est désormais une réalité avec laquelle il faut compter. Augmentation du chômage, baisse des revenus... avec quoi les gouvernements vont-ils payer leurs engagements ? Une fois encore, on se retrouve obligé d'éteindre les incendies de court terme au détriment des générations futures. Résumons-nous : suite à l'effondrement de la bulle du crédit (causée par un excès de liquidités et de crédit facile), les autorités injectent encore plus de liquidités et de crédit dans le système pour tenter de regonfler ladite bulle.
Eh oui ! Même si le système bancaire est effectivement sauvé, l'équation de base (inflation monétaire + récession économique) est toujours là...à la puissance 1 700 milliards.
Alors, concrètement, vers quoi s’orienter ?
Une logique nous semble plus que jamais d’actualité. Orientons nous sur du basique. Nos investissements doivent suivre la logique des besoins, pas des modes.
Les fonds Euro de certaines compagnies d’assurance peuvent sembler intéressants. N’oublions pas que CSG/RDS seront de 12.1% en 2009, que l’inflation tourne autour de 3.2%, que vous devrez vous acquitter d’un PLF ou d’une imposition à votre TMI sur vos retraits. Bref, les fonds Euro peuvent vous faire espérer dans les meilleurs des cas un maintien de votre patrimoine, dans la majorité des cas limiter les pertes, mais pas une augmentation de votre patrimoine. Or, c’est certain, c’est dans les périodes troublées que les vraies opportunités se présentent.
Sur le marché actions, quelques belles perspectives vont se présenter dans un avenir prochain. Ne perdons pas de vue les équipementiers. Qui dit plans de relance dit infrastructures et équipements. Alsthom, Bouygues, Areva, EDF, Lafarge devraient en profiter. Ne perdez pas de vue les banques. Sauvées par les gouvernements, elles resserrent les conditions de crédits et augmentent leurs marges au détriment des volumes. C’est bon pour leur capitalisation. Il y a aussi quelques sociétés dont la capitalisation aujourd’hui dépasse à peine le montant de leurs fonds propres, elles sont appelées à grimper. Tout cela, bien sûr, dans une logique patrimoniale, c'est-à-dire que nous ne sommes pas dans un raisonnement spéculatif à court terme, mais dans un objectif de moyen terme.
Sur le marché des métaux, l’or n’a pas connu l’envolée que l’on est en droit d’attendre de sa part dans un tel contexte. La remontée récente des cours, même si elle n’a d’autre réalité que la spéculation à court terme, met l’or à un prix accessible.
La prudence est de mise sur les PME. Les conditions de crédits actuelles les fragilisent terriblement. Notre attention d’investisseurs nous portera plutôt, dans cette catégorie, sur les entreprises non cotées, moins sensibles aux aléas conjoncturels.





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