Bien sûr, il est difficile de savoir si, sur le moyen terme, les différentes mesures de soutien aux banques prises dans le monde occidental permettront de stabiliser durablement la situation. Sans doute faudra-t-il encore attendre un peu pour savoir si le plus bas de la crise a été atteint ou s'il faut s'attendre, de nouveau, à des baisses boursières et des quasi-faillites d'établissements de crédit. Mais si, par malheur, les garanties financières apportées par les États ne permettaient pas de stabiliser la situation, c'est peut-être à la faillite de quelques uns de ces États, que nous serions confrontés. Les conséquences n'en seraient pas uniquement économiques. La crise est en train de déplacer les lignes de force et de pouvoir au sein de la communauté mondiale. Le premier exemple semble en être l'Islande, véritable victoire stratégique de la Russie au moment où nos chefs d'États européens et américains s'agitaient autour de l'épiphénomène de la Géorgie.
En effet, cet exemple nous montre d'une part qu'un État occidental peut lui aussi faire faillite et d'autre part que cela se répercute tout de suite sur le plan géostratégique. L'Islande, petit pays de quelque 330 000 habitants n'est pas un pays en développement. C'est au contraire un pays jeune et moderne, le plus riche par habitant des pays d'Europe du Nord, après la Norvège. Pourtant, nous pouvons affirmer que des établissements financiers locaux qui ont à la fois réalisé des investissements hasardeux à l'étranger et incité les Islandais à se surendetter l'ont conduit au pire. Le retournement de conjoncture, les mauvais placements autant que la crise américaine dite des "subprimes" ont conduit les banques islandaises au bord de la faillite, en même temps que les consommateurs étaient étranglés par la hausse spectaculaire des taux dans le pays. La réalité des chiffres fait froid dans le dos : les dettes des banques islandaises représentent environ 12 fois le PIB du pays ! Les taux d'intérêt domestiques dépassent les 15% et l'inflation culmine à 14 %. La couronne islandaise a perdu plus de 60 % de sa valeur en un an et le déficit courant approche les 20 % du P.N. B.. En attendant une aide éventuelle du F.M.I., la banqueroute a été évitée de justesse... grâce à un prêt de 4 milliards d'euros.
Qui est venu en aide à l'Islande? La Russie. Pourtant, toujours membre de l'OTAN, l'Islande fut longtemps un avant-poste des États-Unis en Atlantique Nord pour surveiller les sous-marins soviétiques. Des pays au bord du gouffre, il y en a bien d'autres sur la planète. Alors, pourquoi cette aide?
Aujourd'hui, avec les récentes découvertes de pétrole dans l'océan Arctique, les rivalités territoriales ressortent entre pays riverains. Souvenez vous du "plantage" de drapeau spectaculaire sur les fonds marins par une équipe russe il y a quelques mois. Profitant de l'indifférence des occidentaux, les Russes viennent de tirer les premiers. Bravo à eux. L'Islande ne pourra pas oublier en effet, le moment venu, qui l'a sauvée de la faillite. Avec la crise financière mondiale, la géopolitique semble reprendre ses droits. Dans la guerre qui se prépare pour l'exploitation des richesses de l'Artique, c'est peut être à un reversement d'alliance que nous venons d'assister.
L'Europe, ayant fait de l'alignement sur les États-Unis son unique politique extérieure, semble désormais atteinte de cette myopie qui depuis si longtemps atrophie l'hyper-puissance américaine. Ce n'est malheureusement pas l'équipe française actuellement en place (Sarkosy - Kouchner) qui risque d'apporter un petit peu de clairvoyance...
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