mercredi 4 septembre 2013

Le suicide d'Ariel Castro, révélateur d'une mauvaise approche sociétale de la prison?



"Ariel Castro, qui avait été condamné en juillet à la perpétuité pour avoir séquestré et violé trois jeunes femmes pendant dix ans, a été retrouvé pendu dans sa cellule d'une prison de l'Ohio, aux États-Unis."
Article du Figaro d'aujourd'hui

Peut on avoir de la compassion pour ce monstre? Au delà du fait divers, quelle réflexion pour la politique carcérale?

Il est clair qu'à la lecture de l'information selon laquelle ce monstre s'est donné la mort, la première réaction est de ne pas chercher à comprendre, de n'avoir aucune compassion pour lui et de se dire que c'est lui qui choisi sa peine. Est ce si simple?

D'abord, il eut probablement été préférable qu'il se rende compte, qu'il prenne conscience de ce qu'il a fait et qu'il mette le reste de ses jours au service de la lutte contre la violence, dans l'obtention du pardon de ses victimes et dans l'aide matérielle au fils qu'il a eu avec l'une d'entre elles. Tout cela à partir de la prison dont il ne devait pas pouvoir sortir, bien sûr.

Ensuite, et c'est, sur le plan politique, probablement la question la plus importante à se poser, nous devons nous demander comment et pourquoi il en est arrivé à cette extrémité. Les optimistes béats du joli monde des bisounours vous diront que le remord l'a poussé. Faux. Un suicide n'est pas motivé par hier, mais toujours par aujourd'hui ou par la peur de demain. La question est donc de savoir si Ariel Castro s'est suicidé par angoisse de passer le reste de ses jours en prison (mais alors, que fait l'aumônier de l'établissement?) ou à cause de la vie qu'il mène ou qu'on lui fait mener dans l'univers carcéral. Il n'est nul besoin d'être spécialiste de la chose pour connaître le traitement "particulier" que la mafia du monde des détenus fait vivre à ce qu'en français ils nomment les "pointeurs".

Nul doute qu'à "pointeur" exceptionnel, il dut y avoir droit à un "traitement exceptionnel". Pour ma part, je trouve cela inacceptable. Que la société jette sur les prisons un voile et se conduise comme Ponce Pilate en refusant de prendre en compte ce qui s'y passe, voire, comme cela fut dénoncé récemment dans des prisons françaises, organise "l'auto gestion" par les détenus me révolte. Comment voulez vous ramener des délinquants à l'ordre et au respect de la société de droit si, pour les punir de leur "écart", vous leur faîtes subir la loi de la jungle la plus brutale, la plus violente, la plus primitive, la plus barbare qui soit?

Ce modèle américain de l'organisation carcérale que nos élus ont adopté depuis plusieurs dizaines d'années est révoltant. Face à cette révolte, deux attitudes sont possibles.

La première correspond à celle affichée par nos dirigeants socialistes. "Trouver une alternative à la prison".

Posture de ces imposteurs dont l'objectif est de détruire la France et qui, comme tous les totalitaires du monde et de toutes les époques qui ont ce projet commencent par ouvrir les portes des prisons pour lâcher les fauves et créer l'insécurité afin de mieux justifier ensuite leurs lois liberticides.  C'est très exactement ce que nous connaissons aujourd'hui avec le projet de loi Taubira qui s'appuie sur l'échec (organisé) de l'incarcération pour justifier la mise en liberté de délinquants agressifs et violents (cf, entre autres, l'assassin du pépé du 65 ans qui a tenté de s'opposer à la fuite de petits voleurs dont l'un s'est révélé être, justement, un multirécidiviste en "période probatoire"). La multiplication de ce genre d’événements va accélérer le sentiment d'insécurité qui justifia la mise en place de lois visant à contrôler chaque fait et geste des citoyens et à en contrôler les droits, même les plus privés.

La seconde correspond à une prise en compte "intelligente" de la politique carcérale. Non, la prison ne doit pas être un lieu de non-droit. Non, la prison ne doit pas être l'école du crime. Non, la prison ne doit pas ajouter l'humiliation et la déchéance à la punition et à la privation de liberté. Les détenus ne doivent en aucun cas imposer leur loi mais être confrontés à l'apprentissage de "la" loi. Pour cela, les surveillants pénitentiaires (les "matons") doivent reprendre la main. Les conditions de vie doivent être respectables. Le mode de vie doit être conforme à ce qu'on est en droit d'attendre d'un citoyen "modèle" (apprentissage, travail productif, règles de vie en communauté, respect de la France, de ses lois et de ses valeurs) dans des conditions matérielles décentes. Pour cela, allez vous m'objecter, il faut des moyens matériels que l'Etat n'a pas et qu'il n'est pas cohérent de réclamer alors que la dette du pays est abyssale et que vous réclamez à tue-tête des économies!
Je ne réclame aucune économie sur les devoirs régaliens de l'Etat. La France a largement les moyens de payer une police efficace, une justice efficace et une politique carcérale digne d'un pays civilisé. Il lui suffit pour cela de cesser de payer, par exemple, plus de 100 stations de radio (quelqu'un peut il m'expliquer en quoi il est de la mission de l'Etat de payer l'équipement et le fonctionnement de plus de 100 stations de radios dont plus de 80% se contentent de diffuser de la musique commerciale entrecoupée de jeux débiles et de petites annonces d'auditeurs) ou 11 chaînes de télévision!!!!

Quand des élus préfèrent privilégier la multiplication des médias sous contrôle aux missions régaliennes de l'Etat, c'est que leur préoccupations ne sont pas conformes à ce que leur impose la démocratie, mais conformes à leurs aspirations profondes, le totalitarisme, c'est à dire le contrôle de la totalité de la vie des individus.

Le suicide d'Ariel Castro doit donc être perçu par nous comme l'illustration de l'abandon de l'univers carcéral par la société censés être gérée par les principes de droit et comme la nécessité de revoir complètement notre approche de cet aspect "sombre" de la société. La gestion de l'Etat ne peut être évaluée qu'à l'aune de sa capacité à assurer dans les meilleurs conditions et en conformité avec ses lois les missions régaliennes qui lui sont confiées. D'abord. En priorité. L'Etat ne doit pouvoir s'occuper d'autre choses que de ses missions régaliennes que lorsque celles ci sont effectivement bien assumées et dans la mesure où ses moyens lui permettent.

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